Se soigner sans risquer sa santé : 5 conseils d’automédication responsable

Toux, rhume, état grippal, maux de gorge, fatigue passagère, constipation, jambes lourdes, migraines, règles douloureuses… La liste est longue de ces petits maux pour lesquels on emploie non pas les grands remèdes, mais l’automédication. Nous serions plus de 8 sur 10 en France à la pratiquer (selon une étude Afipa-Ipsos) à l’aide de médicaments sans ordonnance et non remboursables. L’automédication a ses avantages, mais aussi ses risques, d’où l’importance de ne pas oublier quelques bonnes pratiques.

L’automédication a du bon

Soigner une mauvaise toux avec de l’ail ou sa fatigue avec une décoction d’oignons, pourquoi pas ? Ça ne peut pas faire de mal, mais ce n’est pas de l’automédication… Selon la définition officielle, telle qu’énoncée par le Conseil de l’ordre des médecins, « l’automédication est l’utilisation, hors prescription médicale, par des personnes pour elles-mêmes ou pour leurs proches et de leur propre initiative, de médicaments considérés comme tels et ayant reçu l’autorisation de mise sur le marché, avec la possibilité d’assistance et de conseils de la part des pharmaciens ».

Il ne s’agit donc pas de se soigner tout seul avec des plantes, la médecine naturelle ou des trucs de grands-mères, mais bien de traiter des symptômes courants avec des médicaments disponibles en pharmacie.

Mais quand on parle de symptômes courants, de quoi parle-t-on ? On parle de nez qui coule, de mal de tête, de coup de pompe, de brûlures d’estomac, de nausées, de petites douleurs… Face à ces troubles légers, nous sommes nombreux à pratiquer l’automédication. Et ça a du bon : on traite le problème, on ne perd pas de temps, on évite de surcharger les cabinets médicaux, on valorise le conseil du pharmacien…

Mais attention : parce que l’automédication met en œuvre des médicaments soumis à autorisation, il convient d’être prudent.

Attention au « mirage de l’autonomie »

Vouloir prendre le contrôle de sa santé, savoir reconnaître la cause d’une maladie bénigne, la traiter sans consulter le corps médical ne transforme personne en médecin diplômé.

Quand utiliser un ou plusieurs médicaments devient une habitude de consommation, quand piocher dans l’armoire à pharmacie sans passer par le pharmacien devient un réflexe, ou quand l’automédication devient un recours parce que la pénurie de généralistes dans certaines zones en France allonge les délais de consultation…

Le danger est bien présent de se tromper, tout simplement, avec des risques qui ne sont pas sans conséquences : surdose, interactions médicamenteuses, effets secondaires, allergies…

D’autant que l’efficacité ou le rapport bénéfice/risque de certains médicaments en vente libre sont contestés. En novembre 2017, le magazine 60 millions de consommateurs publiait les résultats d’une évaluation de 62 médicaments parmi les plus vendus en automédication. Réalisée par deux éminents spécialistes, elle concluait que seuls 21 % des médicaments de cette liste présentaient un rapport bénéfique/risque favorable. 33 % étaient « passables » du fait d’une efficacité faible ou non prouvée… Et 45 % étaient à proscrire en raison d’un rapport bénéfice/risque défavorable : parmi ces médicaments à l’index, des antirhume bien connus…

On le voit : si chacun peut aujourd’hui être acteur de sa santé, il n’est pas bon d’être trop seul dans ses choix. Sur ce vaste sujet, on peut lire L’automédication ou les mirages de l’autonomie, où l’anthropologue Sylvie Faizang enquête sur les ressorts et contextes des décisions en matière de consommation médicamenteuse.

On peut aussi, et dès à présent, garder à l’esprit quelques réflexes simples pour s’automédiquer sans se mettre en danger.

Les précautions d’une bonne automédication

Écoutez les conseils

L’automédication, ce n’est pas se soigner par soi-même.

Le mieux est de…

  • Ne jamais considérer le pharmacien comme l’épicier à médocs : écoutez ses conseils et recommandations, il doit vous les apporter à chacune de vos demandes.
  • Ne jamais réutiliser sans avis médical un médicament prescrit conservé dans votre armoire à pharmacie.

Lisez les notices

C’est le bon réflexe pour vérifier que le produit est adapté, pour respecter les doses et intervalles, pour éviter les interactions médicamenteuses et les allergies.

Ne traitez que les maux mineurs et passagers

Un symptôme léger ça va, deux ou trois, on ne joue pas… avec sa santé, surtout si on est un patient souffrant déjà d’une maladie chronique ou si on attend un enfant. Et, selon la formule consacrée, consultez un médecin si les symptômes persistent. L’automédication ne peut excéder cinq jours à la suite.

Attention aux médicaments achetés sur internet

Il est possible de vous procurer en ligne de médicaments sans ordonnance, mais seulement sur les sites français autorisés, pour éviter d’être exposés à des traitements dangereux, parce que contrefaits, contenant des substances actives non mentionnées, périmées, altérées…

Consultez la « liste noire »…

À la suite de l’évaluation précitée, 60 millions de consommateurs déconseille de prendre certains médicaments sans ordonnance à composants multiples, qui multiplient le risque d’effets indésirables.

Se soigner sans risquer sa santé : 5 conseils d’automédication responsable
4000

Il existe 4000 médicaments vendus sans ordonnance sur le marché.