Arrêts maladie: la démographie et la masse salariale n’expliquent que la moitié de la hausse des IJ

Publié le 2/02/2024
  • Action sociale

L’assurance maladie a dressé, le 10 janvier 2024, un bilan de la prescription des indemnités journalières (IJ) en 2022, à l’occasion d’une séance de négociation thématique avec les syndicats de médecins.

Premier enseignement, les dépenses d’IJ ont continué de progresser en 2022 pour représenter un coût total pour l’assurance maladie de 16,3 milliards d'euros en 2022, une année encore marquée par les conséquences de la vague Omicron. Comparé à 2019, dernière année d’avant-crise sanitaire, les dépenses d’IJ ont ainsi augmenté de 17 %.

Les facteurs démographiques n’expliquent qu’un peu plus de la moitié de la croissance de la dépense (54 %), observe l’assurance maladie. 

Dans le détail, l’effet démographique recouvre la hausse de la population active qui contribue à hauteur de 23 % à la croissance des IJ sur la période 2010-2022 et le vieillissement des salariés qui est à l’origine de 13 % de cette augmentation, sachant qu’entre 2010 et 2022, le taux d’activité des 55-64 ans est passé de 43 % à 60 %, soit une hausse de 17 points en 12 ans. Or, la durée moyenne d’arrêt des plus de 60 ans (supérieure à 70 jours) est largement supérieure à celle des 55-59 ans (supérieure à 50 jours) et a fortiori à la durée moyenne, toutes classes d’âge confondues (35 jours).

Conséquence de l’augmentation de l’emploi et de la masse salariale, l’augmentation du montant moyen de l’IJ contribue à hauteur de 18 % à l’augmentation globale de ce poste de dépenses. S’agissant des facteurs restant, la croissance de la durée moyenne des arrêts, liée en partie aux conséquences de la crise sanitaire, explique près du quart de l’augmentation (23 %).

Tous secteurs d’activité confondus, 24% des salariés ont eu un arrêt maladie en 2022 d’une durée moyenne de 11 jours représentant un montant indemnisé égal à 1,2 % de la masse salariale. En parallèle, 4 % des salariés ont déclaré un AT-MP d’une durée moyenne de 3 jours représentant 0,5 % de la masse salariale.

S’agissant des motifs des arrêts prescrits, une étude conduite entre juillet 2021 et juin 2022 sur 10 millions d’arrêts représentant 111 millions d’indemnités journalières, les principaux motifs concernent des troubles psychologiques (syndromes dépressifs, troubles anxiodépressifs mineurs, asthénie) et des troubles musculo-squelettiques (lombalgies, sciatiques, tendinites, troubles ostéo-articulaires) loin devant les gastro-entérites virales, les grippes saisonnières ou les bronchites aigües. 

Enfin, en termes de prescription, la CNAM constate que plus de 40 % des 9 millions de journées d’arrêt maladie prescrites excèdent les durées les plus longues préconisées par les fiches repères de la Haute Autorité de santé (HAS). C’est en particulier le cas s’agissant des lombalgies (dans 73 % des cas) et des troubles anxio-dépressifs mineurs (56 %). Ainsi, concernant ces derniers, la moitié des médecins ont prescrit des arrêts de travail en moyenne de 23 jours, représentant 9 jours de plus que la durée moyenne recommandée par la HAS (14 jours). Dans le cas des arrêts pour lombalgie, la moitié des médecins ont prescrit des arrêts de plus de 11 jours, soit 6 de plus que la durée recommandée (5 jours). Si 4,7 % des téléconsultations ont donné lieu à un arrêt maladie, la part des IJ correspondantes ne représente que 3 % du total des IJ.

Au terme de sa campagne de sensibilisation des entreprises en matière d’absentéisme, la Cnam aura visité 285 établissements dont plus de la moitié (167) a intégré un programme national de prévention (TMS pro ou RPS) proposé par la CARSAT. Les autres ont engagé un plan d’action sur mesure ou en autonomie et sont accompagnés par la CARSAT dans sa mise en œuvre. Sur 2023, la CNAM avait prévu de réaliser 600 visites auprès d’entreprises présentant un niveau d’absentéisme atypique par rapport à son secteur.

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